Les Intouchables de Gilles Fontaine

Quatrième de couverture

Un mystérieux virus fait des ravages dans la population. Les adolescents, seuls épargnés, sont soupçonnés de transmettre la maladie.
Devenus les parias d'une société en déroute, Thomas et des centaine de milliers d'autres sont montrés du doigt, rejetés, puis mis à l'écart. Livrés à eux-mêmes, sans adultes pour les guider, les plus forts font régner la terreur.
Thomas et ses amis, eux, refusent cette fatalité et réagissent.
Leur but ? Rester solidaires et justes. Rester humains.

Mon avis

Je tiens tout d’abord à remercier les éditions du Seuil de m’avoir permis de lire ce livre qui est une déception pour moi.

Je ne ferai pas de résumé de l’histoire, la 4e de couverture expliquant dans les grandes lignes ce qu’il en est et puis étant donné l’épaisseur du livre (moins de 200 pages) ça se lit très vite et très rapidement on sait de quoi il en est. Pas besoin d’en dire plus.

A la lecture du résumé, j’avoue, je m’attendais à quelque chose de différent, même si l’idée est bonne, j’en attendais beaucoup plus, d’où ma déception. Donc ça se lit, mais ça n’est pas extraordinaire, j’ai lu beaucoup mieux. Au moins l’écriture de l’auteur est agréable à lire, c’est un bon style donc on plonge assez facilement dans l’histoire, mais à ce niveau-là, j’ai beaucoup d’objections à faire…

La dystopie n’est pas mon genre de prédilection mais une fois de temps en temps ne fait pas de mal, bien au contraire ça permet de se « mettre un coup de pression et de faire réagir » parce que ça a un côté réaliste, ça pourrait arriver (et c’est surtout pour ça que je n’aime pas, peut-être un brin trop réaliste pour moi). Je trouve que par rapport au genre, déjà, ça ne va pas, on ne ressent pas assez le côté « oppression » qualifié par le genre. L’atmosphère n’est pas si lourde que ça, alors que bien souvent c’est le cas puisque les gens sont totalement à la merci de leur gouvernement (c’est le principe même de la dystopie), et où ils ne sont pas vraiment heureux avec un contrôle absolu sur leur vie.

Il est vrai que ça va le devenir dans ce livre et cela à cause d’une maladie mais quand bien même la situation est grave et que les faits peuvent « épouvanter » et rappeler quelque chose qui s’est passé dans notre réalité (j’en parlerai un peu plus bas) je trouve que ça n’est pas assez dur, qu’il n’y a pas d’impact assez fort pour que la « révolte » puisse réellement se faire. Peut-être est-ce dû au fait que le livre soit si court ?

En effet, le livre fait moins de 200 pages, l’auteur va donc directement à l’essentiel pour son histoire, pas de perte de temps, ça file droit, ce qui en un sens n’est pas plus mal, mais j’aurai aimé avoir plus de détails, qu’on en sache plus sur ce virus, parce que là, c’est assez opaque mine de rien. C’est une maladie qui est arrivée sans crier gare et de suite on va accuser les adolescents d’être l’élément de propagation, si bien qu’il faut les éloigner… De ce point de vue là, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la rafle qui a eu lieu pendant la 2e guerre mondiale et la déportation des juifs dans les camps. Ça fait une drôle de sensation quand on pense à cette analogie. Les questions sont nombreuses et on a peut d’informations. Evidemment cela va arriver au fur et à mesure, mais je ne trouve pas ça suffisant.

Ce qui est dommage, en dehors du fait que le livre soit si court, c’est qu’on ne sache pas vraiment où l’auteur veut en venir. Et qu’on peut même se demander à quoi ça a servi, dans quel but ? On a juste envie de dire : « tout ça pour ça ? » Pas trop d’intérêt en soi alors que les idées sont là, c’était plutôt intéressant, mais en on sort avec un sentiment de trop peu… On peut comprendre intention de l’auteur mais c’est peut-être extrapolé et vouloir rentrer « dans sa tête » mais ça n’est jamais vraiment possible donc… Ça n’est peut-être pas suffisamment explicite et un lectorat plus jeune que moi ne comprendra pas forcément ce que tout ça peut réellement impliquer. Je parais assez dure dans mes propos mais ça aurait pu être une très bonne idée, avoir une très bonne histoire mais je trouve qu’on reste trop en surface pour que ça soit vraiment bien et c’est dommage. Et il en va de même pour les personnages.

Ils sont dans l’ensemble assez intéressants mais peut-être pas suffisamment travaillés / développés, et je pense que c’est surtout dû au fait que le livre soit si court. Comme on va à l’essentiel, on n’a pas vraiment le temps de s’appesantir dessus, même si on entrevoit déjà pas mal de choses et une certaine évolution sur chacun. J’ai bien aimé le personnage de Lucie qui est peut-être celle dont on en apprend le plus. Thomas, le narrateur, me paraît assez effacé la plupart du temps, il raconte l’histoire mais ça pourrait être presque un narrateur externe qui raconte que ça serait presque pareil. Il a l’air sympathique mais on ne le connaît pas vraiment et il reste assez passif dans l’histoire. Après il est vrai qu’au contact de Lucas, il va changer un peu, et on peut l’apprécier davantage mais… Il m’a manqué quelque chose quand même.

En bref, c’est un univers et une histoire assez intéressants mais peut-être pas suffisamment développés pour moi pour pleinement en profiter et comprendre le message que l’auteur a voulu faire passer. En même temps, je préfère de très loin les « pavés » plutôt que les romans courts parce que je peux davantage me plonger dans l’histoire, en apprécier l’univers et les personnages, là comme c’était très court c’est assez difficile pour moi d’être totalement satisfaite. Néanmoins, j’en reconnais ses qualités, notamment au niveau de l’écriture et des idées, mais ça n’est pas assez exploité à mon goût. Dommage.

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