Jeudi 15 avril 2015, j’ai eu la chance d’assister à une
rencontre privée avec d’autres blogueurs avec l’auteur John Boyne, célèbre
notamment pour son roman jeunesse Le
garçon en pyjama rayé.
La rencontre a
été organisée par les éditions de L’Archipel, autour du livre Le secret de Tristan Sadler qui venait
de sortir et dont vous pourrez retrouver la chronique ici.
Une fois tous les participants arrivés, nous nous
sommes installés autour d’une table afin de discuter avec l’auteur de son
livre. Les questions viennent petit à petit avec hésitation puis c’est avec
plus d’aisance qu’une vraie discussion s’installe. Je vais donc vous faire un
petit compte-rendu de ce qui s’est dit, des questions que l’on a pu aborder
pour mieux découvrir et comprendre ce livre qui est si particulier.
Cela peut contenir parfois des spoilers puisque
nous avons décortiqué le livre, du coup je vous conseille de ne pas lire ce qui
va suivre si vous ne voulez rien savoir sur l’ouvrage avant lecture.
Le secret de
Tristan Sadler est le 7e roman de l’auteur qui écrit aussi bien
pour les adultes que pour la jeunesse.
L’un des sujets du livre est l’homosexualité qui
peut être un des secrets annoncés dans le titre mais ce n’est pas
nécessairement le premier sujet qui intéressait l’auteur. En 1919, l’homosexualité
est mal vue, on le voit bien dès le début de l’ouvrage d’ailleurs. Tristan s’est
rendu compte de son homosexualité durant son adolescente alors que Will est
confronté à ça à cause de Tristan dont il se rapproche de plus en plus durant
leur classe. Est-ce du déni pour lui ? Il n’est pas prêt à l’explorer et
il pense surtout à rester en vie durant cette guerre. Selon John Boyne, Will n’est
pas en déni mais c’est quelqu’un qui n’est pas encore prêt à se chercher, car
lui n’a pas eu d’expérience comme Tristan. Ce n’est donc pas la romance
homosexuelle qui est au cœur du livre.
Un autre sujet évoqué (par moi) c’est la raison
pour laquelle l’auteur a choisi la guerre comme cadre historique, cadre qui
revient souvent dans ses ouvrages (comme dans Le garçon en pyjama rayé, qui traite de la 2e guerre
mondiale avec les camps de concentration). La raison est simple, il y a
beaucoup de possibilité avec la guerre qui permet de voir différentes facettes
des hommes : leur courage, leur trahison, leur amour, amitié avec des émotions
plus fortes. L’auteur a fait beaucoup de recherches sur les guerres (la
première guerre mondiale comme la deuxième) car c’est une période qui le fascine,
sans compter le fait que lorsqu’il se documente une fois pour un ouvrage, il
peut écrire sur le sujet avec une dizaine d’autres romans. Une documentation
pour plusieurs futurs livres ce qui est plutôt pratique.
John Boyne considère que Tristan est aussi naïf qu’un
enfant et le thème de l’enfant pendant la guerre est un sujet intéressant pour
lui car cela permet de le voir évoluer, devenir plus mature en raison de la
situation.
Le titre VO du Secret
de Tristan Sadler est The Absolutist,
ce qui évoque les sentiments de Tristan, l’amour, le fait qu’il refuse de nier
son homosexualité et en même temps cela montre Will qui refuse de se battre. La
question qui en a découlé est donc si le titre français faisait sens pour l’auteur.
Selon lui oui car cela donne un certain suspense sur la nature du secret.
L’auteur a affirmé qu’on ne peut pas juger la
position de Will ou de Tristan. Chacun a ses raisons et vu le contexte
historique, c’est difficile de savoir qui a tort ou raison.
Dans l’histoire, il y a peu de femmes, mais le
personnage de Marian, la sœur de Will, copié sur la propre sœur de l’auteur,
est une femme forte avec un caractère bien défini et qui se détache des deux
hommes : Tristan et Will. Elle est confrontée à son temps, car elle
aimerait être indépendante mais en même temps, ne peut pas l’être vraiment. Chacun
est contraint dans le temps où il vit. C’est la période du mouvement du suffrage
pour les femmes, Marian doit aider et remplacer les hommes parties à la guerre
et une fois celle-ci terminée, elle doit retourner à la maison comme si de rien
n’était.
Dans Le Secret
de Tristan Sadler, il y a peu de vrais détails puisqu’il s’agit avant tout
d’une œuvre de fiction. L’auteur ne cherche pas les faits réels, qui lui ont
été reprochés dans des critiques journalistiques. Ce qu’il veut retranscrire c’est
avant tout les émotions et voir l’évolution de personnages plutôt que l’Historique
pure et dure.
Le personnage du sergent a été évoqué, il est
complètement fou, mais l’auteur a cherché à lui montrer un côté plus humain,
pour lui donner des circonstances atténuantes. Le fait qu’il ait perdu des membres
de sa famille (deux frères) il a voulu le rendre plus humain en expliquant son
parcours.
Dans l’élaboration de son livre, on s’est demandé
qu’elle était la part du réel et la part du fictif dans ce qui est dit. L’auteur
a lu beaucoup de lettres écrites durant cette période et il a pu constater qu’il
y avait beaucoup de remords et de regrets, ce qu’on voit à la fin de l’ouvrage
une fois Tristan devenu vieux.
Il a fallu deux ans à l’auteur pour écrire ce
livre, entre l’idée de l’histoire et sa publication. Il a fait trois essais
différents avant d’avoir la version définitive de l’ouvrage.
Par la suite, nous sommes revenus sur le thème de l’homosexualité,
savoir si traiter ce sujet était un combat personnel à mener pour l’auteur mais
ce n’est pas le cas. Pour lui ses livres n’ont rien de didactique, le but n’étant
pas de faire comprendre quelque chose ou de lutter, etc. C’est juste de
proposer une histoire dans un contexte de guerre / historique. Il pense que ce
n’est pas son rôle en tant qu’auteur de le faire. Cela reste tout de même un
sujet très actuel, même si ce n’est peut-être plus autant « interdit »
qu’à l’époque, ce n’est pas non plus rentrer dans les mœurs et de nombreuses
tragédies arrivent aujourd’hui à cause de cela (des jeunes adolescents virés de
chez leurs parents à cause de leur homosexualité, etc.).
ATTENTION
SPOILER SUR LA FIN
A la fin de l’ouvrage, Tristan, le personnage
principal du livre se suicide. Et je lui avais donc demandé s’il savait que
cela allait se terminer ainsi, par ce suicide. John Boyne l’ignorait au début
de son ouvrage car il construit son histoire petit à petit et se laisser guider
par ses personnages. Il fonctionne davantage à l’instinct sans plan précis, il
ne planifie rien même s’il a une vague idée de la marche à suivre.
FIN DU SPOILER
Etant donné que la romance et l’homosexualité ne
sont pas au cœur de cette histoire, nous lui avons demandé quel était pour lui le
sujet principal de son histoire et c’est indéniablement la trahison, celle
entre amis et voir qui trahi qui ?
Son style s’est construit au fur et à mesure et il
ne fait pas de différenciation entre l’écriture d’un livre pour adulte que
celle d’un livre pour enfant. La seule chose c’est qu’il écrit souvent à la
troisième personne du singulier lorsqu’il écrit pour les enfants alors qu’il
privilégie la première personne pour les livres pour adulte. Cela permet de différencier
les deux univers. Il n’a pas de préférence entre ces deux publics (enfant et
adulte) pour lui, il n’y a pas de séparation à faire.
Nous n’avons pas pu savoir ce qu’allait être son
futur livre, il garde le suspense.
La discussion s’est terminée par un apéro
dînatoire ainsi qu’une séance rapide de dédicace. Une fois l’auteur parti, nous
avons pu discuter encore un peu entre blogueurs et éditeurs avant que je ne
sois obligée de repartir, faute de transport.
C’était une très belle soirée, très intéressante. L’auteur
semblait quelque peu intimidé au départ mais a su lui aussi parler avec plus d’aisance
et avoir un vrai échange avec nous. Je remercie une fois de plus les éditions
de l’Archipel de m’y avoir invité.
Autres blogueurs présents : Camille de Vive la rose et le Lilas, Christelle de Rêvez livre, Sébastien de Les arts au soleil, Marie-Claire de A bride abattue.
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